En réaction à une récente publication célébrant « la France d’autrefois », mais sans vouloir créer pour autant une polémique, car ce n’est pas l’objet, j’ai eu envie de partager avec vous cette photo qui a 100 ans.
Nous sommes en 1926 donc et, au centre du trio, je vous présente celle qui deviendra ma grand-mère maternelle, Jeanne.
Jeanne a 17 ans sur la photo.
Contrairement aux deux autres personnes, elle ne sourit pas.
Et si elle ne sourit pas, c’est que pour elle, « la France d’autrefois « n’a rien de facile ni de « doux ».
Aînée d’une famille d’agriculteurs, en 7 ans :
• elle a vu son petit frère Albert mourir de la rougeole.
• elle a vu sa mère mourir d’une pneumonie.
• Suite à la mort de sa mère, son père l’a retirée de l’école pour qu’elle s’occupe de la maison.
• deux ans plus tard, son père fut retrouvé mort d’une crise cardiaque, entre deux rangées de vignes. Le docteur avait dit « mort d’épuisement ».
• Orpheline, elle a été « placée » dans une ferme. Les fermiers la faisaient, selon elle « travailler comme une bête », et la battaient régulièrement.
• Arrivée à 17 ans, les fermiers ont souhaité qu’elle parte, car disaient-ils, « elle n’obéissait pas et faisait des fugues ».
Cette photo a été prise dans la nouvelle ferme où elle venait d’être placée, juste après « les foins ».
A droite, c’est la fermière, qui lui avait prêté une « tenue correcte » et des chaussures pour l’occasion, car habituellement elle portait des sabots.
A gauche, c’est une autre orpheline, placée depuis quelques années dans cette même ferme.
Jeanne m’a toujours dit que « ces fermiers étaient bons pour elle ».
Quand je lui ai demandé ce qu’elle voulait dire par là, elle m’a répondu « ils ne me battaient pas, me nourrissaient bien, j’avais ma place à la table du maître, mes habits n’étaient pas troués, je dormais dans un vrai lit, et j’avais droit à mes Dimanches ».
Droit à ses Dimanches, mais pas droit à un salaire pour tout le travail accompli …
« La France d’autrefois », c’était aussi ça … ne l’oublions pas.
(Lu sur Facebook)