Sarkozy, suite sans fin ?

Portrait

Par Nicolas Bastuck
Rédacteur en chef Droit et Justice du magazine Le Point

Publication du 14 novembre 2025

 

Chers lecteurs,

On peine à ranger sous la rubrique Justice la libération de Boualem Sansal, tant le « procès » que les autorités algériennes lui ont intenté relevait de l’arbitraire le plus révoltant. « La liberté d’un écrivain, c’est la liberté de tout un peuple », a réagi son ami Kamel Daoud, dont nous partageons la joie. Saluons donc ici la liberté retrouvée de l’ami Sansal !

La liberté, Nicolas Sarkozy l’a retrouvée lui aussi, lundi 10 novembre : la cour d’appel de Paris a ordonné qu’il soit mis fin à sa détention. S’il est sorti de prison – « un cauchemar », a-t-il dit  –, l’ex-président est loin d’être sorti d’affaire. On aurait tort de lire dans la décision de la chambre des appels correctionnels un désaveu des « premiers juges » qui, le 25 septembre, l’ont condamné à cinq ans ferme pour « association de malfaiteurs ». Certes, la cour a considéré que les critères de la détention provisoire ne trouvaient plus à s’appliquer à ce stade, mais Nicolas Sarkozy est soumis à un contrôle judiciaire serré qui lui interdit de voyager à l’étranger, d’entrer en contact avec ses coprévenus et dix-sept autres personnalités, dont le garde des sceaux en exercice, Gérald Darmanin, qui lui avait rendu visite à la Santé le 29 octobre. La cour y a vu une atteinte à « l’indépendance des magistrats » susceptible de nuire à « la sérénité de la Justice ».

Considérer la libération de l’ex-chef de l’État comme la première étape d’une future relaxe relève de la pensée magique. Elle ne préjuge en rien de l’issue du procès en appel, qui doit débuter le 16 mars 2026. Insistant lourdement sur ses deux précédentes condamnations, la cour observe que Nicolas Sarkozy conserve « sa capacité à actionner différents services de l’État, nonobstant le fait qu’il n’exerce plus de fonction officielle ». Elle n’a pas manqué, non plus, de rappeler qu’il reste mis en examen pour association de malfaiteurs et recel de subornation de témoins, dans l’enquête sur la rétractation du versatile Takieddine – décédé depuis.

Non, Nicolas Sarkozy n’en a pas fini avec la justice. Qu’on le déplore ou qu’on s’en félicite, c’est elle qui aura le dernier mot.