Une nouvelle croisade ?

 

« La messe n’est pas encore dite »

Une centaine de pages pour appeler à « un sursaut » face à l’immigration musulmane. Eric Zemmour donc. Et il manipule un outil aiguisé donc dangereux, l’histoire, pire, l’histoire des religions. Avec un certain talent, il faut le reconnaître.
Toujours ce petit refrain du grand remplacement, bien sûr. Mais, comme par hasard, il refuse d’avouer que cette immigration est plurielle. Il y a ceux qui sont parfaitement intégrés, la majorité. Et une minorité agitée qui sème la pagaille. Notamment cette jeunesse des banlieues sans famille, élevée par des mères seules, qui déserte l’école… Et la haine contre cette France qui, pensent-ils, les méprise. D’autant que leur sensibilité ensoleillée est à fleur de peau.

Mais pas de solution sérieuse dans cette messe noire si ce n’est de proposer un retour à une France catholique et fière de l’être !

Le fondement, dit-il, de « son identité ». Drôle de provocation, certes, d’un expert, mais « élevé dans la tradition juive » comme il le dit lui-même en ouverture de ce sermon. Car il piétine cette sacrée… laïcité, qui a permis de franchir un cap en rompant avec des siècles d’intolérance notamment contre les juifs.
Et plus, la foi comme une identité ? Contresens, car la foi chrétienne est avant tout une démarche personnelle, intime même, pas une démarche sociale. Ce qui a d’ailleurs ruiné cette religion quand elle est devenue une façade combinant interdits et hypocrisie.

Au fond, la principale faiblesse de Zemmour, c’est son sens de l’histoire qui se résume à une critique radicale du présent pour encenser un passé imaginaire, d’où son regard sans vraie perspective, ni vraie mémoire.
Exemple, il dénonce un «racisme anti-blanc». Là encore, contresens car cette « haine » n’a rien à voir avec le racisme qui est fondé sur le mépris. Mais elle se nourrit au contraire du sentiment d’être méprisé. Il faut dire que l’Occident y a mis du sien en colonisant, au nom de son « humanisme » ces pays qu’il jugeait « arriérés », puis en « libérant » ses colonies pour les remettre entre les mains de dictateurs corrompus, tout en continuant à exploiter leurs richesses, avant d’importer ses populations pour les réduire en « esclavage » dans des métiers d’intouchables… Et s’étonner qu’ils soient aussi nombreux.
Deux siècles de mépris qui débouchent aujourd’hui dans cette impasse Nord-Sud.
Et la solution serait un sursaut catho de la France !
Puis une nouvelle croisade ?

Philippe Brunet-Lecomte, journalise et entrepreneur

(Post LinkedIn du 14 novembre 2025)